Programme Politiques urbaines

ASMARE Recycling worker in Brazil

Remodeler la planification et la pratique urbaines pour inclure les travailleuse·eur·s de l’informel

Dans les pays du Sud, la plupart des travailleuse·eur·s urbain·e·s gagnent leur vie dans l’économie informelle. Le Programme de politiques urbaines (PPU) s’efforce de transformer les systèmes urbains afin que les travailleuse·eur·s de l’économie informelle aient des revenus plus élevés et plus stables, des lieux de travail et de vie sûrs et la capacité de négocier des gains durables dans les politiques et les pratiques urbaines.


Objectifs

Pour assurer l’inclusion des travailleuse·eur·s de l’économie informelle dans les villes, le PPU fournit des informations tactiques, des preuves tangibles, des outils appropriés et des opportunités de participation pour les organisations membres, les décideuse·eur·s politiques compatisant·e·s, les praticien·ne·s urbain·e·s et les universitaires engagé·e·s.

Nos objectifs et nos cinq piliers de travail sont les suivants :

  1. Changer les discours dominants qui perçoivent l’économie informelle urbaine comme petite, improductive et composée de personnes fraudeuses aux impôts et aux réglementations.
  2. Maintenir une visibilité constante de la contribution de l’économie informelle urbaine mais aussi des pratiques d’économie urbaine et formelle qui entrainent l’exclusion.
  3. Assurer la gouvernance participative et la mise en œuvre d’approches inclusives en matière de planification, de conception et de soutien sectoriel.
  4. Développer une nouvelle cohorte de praticien·ne·s urbain·e·s et de chercheuse·eur·s en défense des droits qui travaillent aux côtés des mouvements de travailleuse·eur·s pour assurer des approches d’inclusion.
  5. Assurer la reconnaissance de la contribution de l’économie informelle urbaine et des pratiques urbaines d’inclusion dans la politique urbaine mondiale – notamment la réalisation des Objectifs de développement durable, du Nouvel agenda urbain et du Droit à la ville.

Nous travaillons aux côtés d’organisations de base de travailleuse·eur·s de l’économie informelle et des équipes des Villes focales de WIEGO. Notre travail se concentre sur trois des quatre groupes de travailleuse·eur·s de WIEGO : les travailleuse·eur·s à domicile, les vendeuse·eur·s de rue et les récupératrice·eur·s de matériaux.

Shantha Solanri does back-breaking work as a head loader in Ahmedabad's teeming main vegetable market.
Photo : Paula Bronstein/Getty Images Reportage

Activités

Démontrer les contributions de l’économie informelle urbaine

Pour obtenir des interventions appropriées, il est essentiel d’obtenir des statistiques précises qui reflètent l’ampleur et la contribution de l’économie informelle, y compris au niveau des villes. Compte tenu de la diversité au sein de l’économie informelle, les statistiques pour les groupes qui en font partie – travailleuse·eur·s à domicile, vendeuse·eur·s de rue et récupératrice·eur·s de matériaux – sont également d’une importance cruciale. Le PPU travaille depuis longtemps aux côtés du Programme statistique pour générer des estimations – voir Notes d’information WIEGO. Un thème central de ce travail est la structure de genre, de race et de classe dans l’économie informelle – voir par exemple Rogan et Alfers, 2019.

Le rôle essentiel de l’économie informelle dans la sécurité alimentaire est un domaine d’intérêt supplémentaire – voir Q&R : Nourrir les villes : Les vendeuse·eur·s au détail jouent un rôle crucial dans la sécurité alimentaire urbaine –. Le travail est effectué aux côtés d’experts en sécurité alimentaire urbaine au Centre africain des villes.

Garantir la justice fiscale pour les travailleuse·eur·s de l’économie informelle

C’est un mythe que les travailleuse·eur·s de l’économie informelle soient des fraudeuse·eur·s fiscales·aux, mais les gouvernements nationaux et les organisations multilatérales s’efforcent actuellement de les faire entrer « dans le filet fiscal ». Essayer de taxer le secteur informel sur cette base est préjudiciable aux moyens de subsistance ainsi qu’aux efforts de lutte contre la pauvreté et l’inégalité. Il y a également très peu de preuves que l’augmentation du fardeau fiscal actuel de ces travailleuse·eur·s est un moyen efficace d’augmenter les recettes publiques. Il a été démontré que la surtaxation des travailleuse·eur·s est coûteuse et inefficace et qu’elle crée des systèmes fiscaux injustes et régressifs qui, par conséquent, tendent à mettre en danger les moyens de subsistance des plus vulnérables. Voir l’examen de Rogan des débats sur la justice fiscale.

Ce travail vise à améliorer la base de données probantes sur la fiscalité des travailleuse·eur·s dans l’économie informelle, afin d’éclairer la conception de politiques fiscales justes et efficaces. Un régime fiscal équitable comprend des principes clés tels que :

  • Transparence : s’assurer que les travailleuse·eur·s comprennent où vont leurs cotisations fiscales
  • Participation : veiller à ce que les travailleuse·eur·s de l’informel soient impliqué·e·s dans la conception de la politique fiscale
  • Équité : promouvoir des structures fiscales progressives qui protègent les travailleuse·eur·s les plus vulnérables

Évaluer l’impact des crises sur les travailleuse·eur·s de l’économie informelle urbaine

Les mesures visant à prévenir la propagation de la COVID-19 ont eu un impact négatif disproportionné sur les travailleuse·eur·s de l’informel. L’étude longitudinale menée par WIEGO sur 12 villes évalue l’impact de la crise de la COVID-19 sur des groupes spécifiques de travailleuse·eur·s de l’informel et leurs ménages – voir Information sur les politiques et Bulletins d’information sur les villes ainsi que les Blogs reflétant les résultats de l’étude –. Nous surveillons également les impacts au Brésil et en Afrique du Sud.

Cela s’appuie sur des études antérieures menées dans plusieurs villes – l’Étude de l’économie informelle dans 10 villes et l’Étude sur la crise économique mondiale. Dans les trois études, WIEGO a mené des recherches aux côtés de partenaires, interviewant des travailleuse·eur·s à deux moments différents. Ces études reflètent la réalité ancrée des travailleuse·eur·s à domicile, des commerçant·e·s de rue et des marchand·e·s de matériaux, ainsi que la façon dont les gouvernements et les autres acteurs aident et entravent leur travail. Elles soutiennent les efforts de plaidoyer à la fois dans les villes et dans le monde entier. Ce travail est soutenu par notre surveillance des tendances mondiales – par exemple pour les vendeuse·eur·s de rue et les récupératrice·teur·s de matériaux.

Dans le cadre de l’amélioration de la visibilité du travail informel et de l’élaboration des politiques et du discours, nous nous engageons dans la publication universitaire – voir par exemple le numéro spécial de l’Environnement et de l’urbanisation sur les moyens de subsistance urbains (Environment and Urbanization’s). Les chercheuse·eur·s du PPU ont également contribué à un volume édité sur le secteur informel en Afrique du Sud.

Renforcer la gouvernance inclusive

Le PPU travaille avec l’initiative des Villes focales de WIEGO à Accra, Ghana ; Dakar, Sénégal ; Delhi, Inde ; Lima, Pérou et Mexico, Mexique. Cette initiative de WIEGO aide les organisations de travailleuse·eur·s à obtenir des lois et des règlements plus inclusifs, des services urbains améliorés et une voix dans les processus de planification urbaine et d’élaboration des politiques.

Nous apportons un soutien direct aux initiatives participatives et travaillons pour promouvoir la planification et les pratiques inclusives. Voici quelques-uns des faits saillants :

  • Forums sur les déchets et la citoyenneté au Brésil et dans l’Observatoire du recyclage inclusif (ORIS).
  • Soutien au gouvernement de la ville sur les approches inclusives et la surveillance des impacts des processus de fermeture des décharges, comme dans la fermeture de la décharge structurelle à Brasilia, Brésil.
  • Efforts visant à reconnaître et à rémunérer les récupératrice·eur·s en Colombie comme des fournisseuse·eur·s de services de recyclage – voir Parra et Abizaid –.
  • Le travail d’Asiye eTafuleni sur la conception et la gestion urbaines d’inclusion pour les vendeuse·eur·s de rue dans le centre-ville de Durban – voir Travailler à Warwick –.
  • Les travaux de Mahila Housing Trust pour obtenir l’accès au logement des bidonvilles dans 34 villes à travers 8 États en Inde.

Un élément clé de ce travail est la documentation et la diffusion d’exemples d’approches d’inclusion, pour en savoir plus, voir les notes d’information de WIEGO.

Ce travail vise à fournir aux militant·e·s, aux défenseuse·eur·s, aux praticien·ne·s urbain·e·s et aux chercheuse·eur·s des outils pour soutenir leur travail. Un public important est la prochaine génération d’urbanistes. Nous avons soutenu l’Association africaine des écoles de planification dans l’élaboration de programmes d’études – voir la Boîte à outils de l’économie informelle pour les enseignant·e·s de planification.

Ce travail alimente également les réflexions académiques sur les défis que l’informalité pose à la théorie et à la pratique de l’urbanisme – voir la partie V dans L’économie informelle revisitée : Réflexions sur les débats universitaires et politiques.

Développer des outils pour intégrer les récupératrice·eur·s de matériaux, les vendeuse·eur·s de rue et les travailleuse·eur·s à domicile dans les systèmes urbains

Ce travail vise à s’assurer que les travailleuse·eur·s de l’économie informelle et leurs allié·e·s disposent des ressources nécessaires pour assurer leurs moyens de subsistance, y compris des lignes directrices sur les approches sensibles aux moyens de subsistance.

Pendant la crise de la COVID-19, l’un des principaux objectifs a été de développer des ressources pour minimiser les risques pour la santé – voir les récupératrice·eur·s de matériaux et les commerçant·e·s de l’informel –. Ce travail a été réalisé aux côtés d’expert·e·s en santé publique : Workplace Health without Borders et l’Université du KwaZulu-Natal.


Récupératrice·eur·s de matériaux

Les fermetures de décharges, les programmes de transformation des déchets en énergie et les politiques de responsabilité élargie des producteurs constituent des menaces pour les moyens de subsistance des récupératrice·eur·s. Le PPU a développé une série de ressources sur tous ces sujets :

Les questions de santé et de sécurité au travail pour les récupératrice·eur·s de matériaux ont été un domaine de travail clé. Le projet Cuidar examine les risques pour la santé auxquels sont confronté·e·s les récupératrice·eur·s de matériaux et a travaillé aux côtés des mouvements de travailleuse·eur·s pour les réduire. S’appuyant sur tout ce contenu, CataSaúde Viraliza est un projet de renforcement des capacités en ligne pour les récupératrice·eur·s de matériaux. La formation s’est concentrée non seulement sur la façon de réduire les risques pour la santé, mais aussi sur les stratégies de réponse aux risques économiques et autres.

En outre, nous nous concentrons sur la documentation et la diffusion des cas où les les récupératrice·eur·s de matériaux ont été inclus·e·s dans les programmes de gestion des déchets municipaux. Parmi les cas notables figurent la Colombie, le Brésil et Pune, en Inde. Pour en savoir plus, lisez ici.

Ce travail est effectué aux côtés de nos organisations de base de récupératrice·eur·s de matériaux, notamment : MNCR, Redesol, Cataunidos et Catavales.


Vendeuse·eur·s de rue et commerçant·e·s du marché

Le commerce dans l’économie informelle est une source essentielle de moyens de subsistance pour des millions de personnes, en particulier pour les femmes et les migrant·e·s. Ces commerçant·e·s fournissent des marchandises et des services abordables à des endroits pratiques aux citadin·e·s souvent à faible revenu. Malgré ces contributions, les autorités locales fournissent rarement suffisamment d’espace, d’infrastructures et de services bien situés pour maximiser les possibilités de subsistance. Le PPU a une longue histoire de travail sur les contributions de vente de rue, les tendances (voir par exemple, les vendeuse·eur·s de rue et les villes) et aussi la documentation des pratiques inclusives.

Voici quelques faits saillants :

Nous avons développé des ressources pour les commerçant·e·s de l’informel, les responsables des gouvernements locaux et les décideuse·eur·s politiques – voir Espace public pour toutes·tous –.

Ce travail est effectué aux côtés de nos organisations de base de vendeuse·eur·s de rue, notamment StreetNet International.

 


Travailleuse·eur·s à domicile

Pour beaucoup, leur maison et leur lieu de travail sont une seule et même chose. Le travail du PPU sur cette question se concentre sur les besoins des travailleuse·eur·s à domicile en matière de tenure de facto, d’infrastructure de base et des règlements de zonage à usage mixte pour leurs lieux de résidence et de travail et sur l’intersection entre le travail informel et le logement et les établissements informels. Voici quelques-uns des faits importants :

Ce travail est effectué en étroite collaboration avec l’Association des Femmes Indépendantes (SEWA) et Mahila Housing Trust.

Ensemble, ces activités et extrants reflètent « l’art du possible », démontrant que des approches inclusives sont réalisables.

Renforcer la position des leaders des récupératrice·eur·s de matériaux

Pour mieux comprendre la dynamique de genre et la division sexuelle du travail dans le secteur de la collecte des déchets, et pour mettre la conscience de genre au premier plan des discussions parmi les femmes récupératrices de matériaux, WIEGO a entrepris un projet sur le genre et les déchets en 2012-2015 dans le Minas Gerais, au Brésil. Il visait à fournir aux femmes récupératrices de matériaux une compréhension plus claire des outils pratiques dont elles ont besoin pour remettre en question les hiérarchies de genre enracinées présentes dans leur propre vie à la maison, au travail et dans le mouvement. De 2019 à 2020, le projet Genre et Déchets a organisé des ateliers sur les compétences en communication et en leadership, le féminisme et les politiques publiques. Ils ont élaboré un plan d’action stratégique en matière de genre (2021-2023).

Les principaux résultats de ce projet participatif, basé sur des ateliers, ont été les suivants :

Pour en savoir plus sur ce projet, regardez Genre et Déchets.

Dans l’ensemble de notre travail, nous remettons en question les normes générales de production de connaissances. En utilisant des méthodes de recherche qui privilégient les expériences et les perspectives des travailleuse·eur·s de l’économie informelle, nous produisons des connaissances théoriques et pratiques fondées à partir des pays du Sud, remettant en question les approches centrées sur le Nord.

Inscrire l’économie informelle à l’ordre du jour de la politique urbaine mondiale

Le PPU s’est engagé depuis longtemps dans les processus de politique urbaine mondiale. Grâce aux efforts collectifs de WIEGO et de ses alliés au cours du processus d’Habitat III, le Nouveau programme pour les villes contient un langage fort et positif sur l’économie informelle. Il établit des engagements à reconnaître les contributions des travailleuse·eur·s démuni·e·s dans l’économie informelle, à renforcer leur voix et leur représentation, et à préserver leurs moyens de subsistance pendant le processus de transition vers l’économie formelle. Cela fait écho aux engagements pris dans la Recommandation n° 204 de la Conférence internationale du Travail – Transition de l’économie informelle à l’économie formelle. Les membres du PPU ont également participé à la campagne qui a permis d’atteindre l’objectif de développement durable 11 – Rendre les villes et les établissements humains inclusifs, sûrs, résilients et durables. Nous nous efforçons maintenant de demander aux gouvernements de rendre des comptes sur les engagements pris pour inclure les travailleuse·eur·s de l’économie informelle urbaine dans ces accords internationaux.

Nous sommes un partenaire principal de la Campagne urbaine mondiale et des participant·e·s active·f·s aux Forums urbains mondiaux.

Le PPU travaille avec un éventail d’alliés en dehors du système des Nations Unies. Nous sommes active·f·s sur la Plate-forme mondiale du droit à la ville et partageons de nombreuses préoccupations de Slum Dwellers International, avec qui nous collaborons dans des processus de plaidoyer internationaux. Nous sommes également membres de l’Alliance des villes.

Dans notre travail sur les déchets, nous travaillons en étroite collaboration avec Ocean Plastic Networks (OPLN), Water Aid / OIT / OMS sur la santé et la sécurité des travailleuse·eur·s de l’assainissement, et Women of Waste – ISWA.

Esperanza Foretu is a recycler and waste picker in Bogota
Photo : Juan Arredondo/Getty Images Reportage

Activités passées


UPP Team

Caroline Skinner – Directrice du programme

Olga Abizaid – Conseillère de la ville focale de Dakar / Analyste des politiques urbaines

Sonia Dias – Spécialiste du secteur, Récupératrice·eur·s de matériaux

Jenna Harvey – Coordinatrice des Villes focales

Ana Carolina Ogando – Associée de recherche

Shalini Sinha – Spécialiste dans le secteur du travail à domicile et leader de la Stratégie pour l´Asie

Michael Rogan – Associé de recherche


Photo ci-dessus : Une récupératrice de matériaux avec une coopérative au Brésil. Crédit: WIEGO
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