Renu, dirigeante des vendeuse·eur·s de Bangkok, en Thaïlande

Renu at her stall in Bangkok, Thailand, before the pandemic, in 2015

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Renu est la dirigeante de la coopérative de services Muubaan Nakila, qui opère dans son lotissement à Bangkok. Avec d’autres dirigeant·e·s, elle soutient les vendeuse·eur·s et leurs familles en aidant à distribuer l’aide alimentaire, en facilitant l’accès aux services médicaux, en négociant avec les autorités locales des protocoles de sécurité pour le marché et en plaidant pour le retour des vendeuse·eur·s expulsé·e·s dans les zones commerciales.

Pendant les trois vagues de la COVID-19 à Bangkok, les vendeuse·eur·s ont eu du mal à gagner de l’argent. La situation s’est fortement dégradée à la mi-2021, lors de la vague Delta, lorsque le gouvernement a réimposé des restrictions et des couvre-feux à partir d’avril 2021 et pour plusieurs mois.


« Lorsqu’un·e vendeuse·eur prenait un jour de congé, les gens soupçonnaient qu’elle ou il était infecté·e. S’il y a une rumeur selon laquelle un·e vendeuse·eur est infecté·e, les client·e·s ne vont pas aller dans son échoppe. »


Les femmes vendeuses doivent d’autant plus lutter qu’elles doivent fermer leur échoppe pour instruire leurs enfants à la maison lorsque les écoles ont fermé.

Pour joindre les deux bouts, beaucoup de vendeuse·eur·s n’ont eu d’autre choix que de réduire leurs repas ou de manger des plats moins variés, d’emprunter de l’argent ou d’utiliser leurs épargnes. Cette pression financière, ainsi que la crise sanitaire, ont généré des problèmes de santé mentale tels que le stress, l’anxiété et la dépression.

Plusieurs vendeuse·eur·s ont reçu deux transferts de 3 500 THB (environ 116 USD) pour acheter des produits de première nécessité dans le cadre du programme thaïlandais de transferts monétaires au début de l’année 2021. Si cette aide a été utile, elle n’a pas permis pour autant de couvrir toutes les dépenses urgentes ou tout le capital nécessaire au rétablissement de leurs moyens de subsistance.

La coopérative de services Muubaan Nakila a donc apporté à ses membres un soutien supplémentaire indispensable, que Renu a aidé à coordonner.


« Heureusement, la Fédération [des travailleuse·eur·s de l’informel de Thaïlande] m’a donné beaucoup de sacs de survie. Non seulement nous prenions soin de nos membres, mais nous devions aussi prendre soin de la communauté. »


Il y eut aussi de nombreux cas de solidarité individuelle, où les vendeuse·eur·s partageaient, par exemple, les repas. « Nous ne laisserons pas nos ami·e·s mourir de faim ».

Lorsque des mesures de protection peu pratiques ont été appliquées sur le marché, la coopérative de Renu a joué le rôle de médiateur. « Le problème était l’entrée à sens unique, les acheteuse·eur·s devaient faire un long détour. Nous avons finalement dû ouvrir tous les accès et installer des scanners de température à chaque entrée. Les autorités nous ont permis de le faire. Nous avons acheté les scanners nous-mêmes. »

La vaccination fut rendue accessible pour les vendeuse·eur·s de marché à la demande de HomeNet Thaïlande et de la Fédération des travailleuse·eur·s de l’informel de Thaïlande. L’hésitation à se faire vacciner fut un sujet de préoccupation des dirigeant·e·s des travailleuse·eur·s, qui ont dû s’impliquer pour encourager les travailleuse·eur·s à se faire vacciner. « Le jour où le médecin est venu nous vacciner, je me suis portée volontaire pour aider aux enregistrements sur le lieu de vaccination. »

Selon Renu, le gouvernement a un rôle important à jouer dans le retour au travail des vendeuse·eur·s : il doit leur donner accès à des espaces de vente, élaborer une structure fiscale plus équitable en fonction de l’endroit où elles·ils travaillent et éliminer les obstacles aux prêts de la Banque d’épargne du gouvernement.


« Ce que le gouvernement pourrait faire dès maintenant, c’est attribuer de nouveau des zones commerciales aux vendeuse·eur·s afin qu’elles·ils puissent gagner leur vie et ne pas s’inquiéter de quoi que ce soit sachant qu’elles·ils survivront. Les client·e·s nous connaissent. Tant que nous pouvons gagner notre vie, c’est suffisant. »


* Cette histoire est basée sur une série d’entretiens avec Renu pour la deuxième phase de l’Étude sur la crise de la COVID-19 et l’économie informelle, menée par WIEGO en octobre et décembre 2021. Elle a été publiée avec le consentement de Renu.


Photo du haut : Renu sur son stand à Bangkok, en Thaïlande, avant la pandémie, en 2015. Crédit photo : Paula Bronstein/Getty Images Reportage
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