Premier mai 2023 : les travailleuse·eur·s de l’informel exigent une transition juste vers un avenir sobre en carbone

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Des organisations représentant plus de 2,1 millions de travailleuse·eur·s de l’informel à travers le monde demandent aux gouvernements de donner la priorité à l’avenir de cette population active essentielle, lors de la réponse des décideuse·eur·s politiques à la crise climatique, dans un contexte de forte augmentation du coût de la vie. Les politiques du travail et les systèmes de protection sociale conçus pour nous aider à faire face aux catastrophes liées au climat sont cruciaux pour notre survie et pour la préservation de nos moyens de subsistance. 


Nous, travailleuse·eur·s de l’informel, sommes déjà confronté·e·s aux grands risques entraînés par le manque de protection sociale et du travail. Les conséquences du changement climatique, telles que des conditions météorologiques extrêmes, des niveaux de pollution toujours plus élevés et l’impossibilité d’accéder à l’eau potable et à l’énergie, exacerbent ces risques et auront un impact sévère sur nous, notamment sur les femmes. Pour beaucoup d’entre nous, les espaces publics et nos domiciles sont notre lieu de travail, c’est pourquoi les incidents comme les inondations, les vagues de chaleur et les pics du prix de l’énergie nuisent directement à notre bien-être et à notre sécurité de logement et de revenu. 

Un soutien à l’adaptation au changement climatique est nécessaire pour nous protéger et préserver nos moyens de subsistance.

En juin 2023, la Conférence internationale du Travail tiendra une Discussion générale sur une « transition juste ». C’est l’occasion pour inclure les travailleuse·eur·s de l’informel dans le cadre de la transition juste élaboré par l’Organisation internationale du Travail (OIT). Pour l’OIT, une transition juste consiste à décarboner l’économie d’une manière équitable et inclusive, en créant des perspectives de travail décent et sans laisser personne de côté.

L’engagement à ne laisser personne de côté doit inclure les travailleuse·eur·s de l’informel. Nous constituons 61 % de la population active mondiale et nous nous trouvons à plusieurs points des chaînes d’approvisionnement nationales et mondiales qui seront touchées par le changement climatique et les politiques du travail visant à assurer une transition juste. 

Les femmes dirigeantes des organisations des travailleuse·eur·s de l’informel doivent avoir un siège à la table des négociations aux niveaux local et national. 

Nous exhortons les décideuse·eur·s politiques à :

Reconnaître la contribution des travailleuse·eur·s de l’informel à la réduction des émissions de carbone et à l’atténuation des impacts du changement climatique. 

Les travailleuse·eur·s de l’informel contribuent à atténuer le changement climatique de plusieurs manières, en réduisant les sources d’émissions de gaz à effet de serre et en permettant à l’environnement naturel d’absorber le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère.

Les récupératrice·eur·s de matériaux réduisent les émissions de carbone et la pollution grâce au recyclage. Beaucoup de travailleuse·eur·s à domicile fabriquent des produits à partir de matières premières respectueuses de l’environnement, réutilisent des matériaux jetés et trient les déchets électroniques et autres. Les vendeuse·eur·s de rue et les commerçant·e·s de marché rendent les denrées alimentaires produites localement et l’eau potable plus accessibles et plus abordables dans les zones à faibles revenus. Les vendeuse·eur·s de rue offrent également des produits d’occasion, agissant ainsi pour l’économie circulaire. Les travailleuse·eur·s domestiques, dont plus de 75 % sont des femmes, sont la colonne vertébrale des systèmes de soins et, lorsque les services publics ne parviennent pas à répondre aux besoins, elles·ils assument directement le travail de soins engendré par des catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes et violentes. 

Introduire une pluralité de mesures de protection sociale, y compris l’assistance et l’assurance sociales. 

Celles-ci fonctionneraient comme des mécanismes d’adaptation au changement climatique, permettant aux travailleuse·eur·s de l’informel de faire face aux catastrophes climatiques et aux pertes d’emploi ou déplacements qui en résultent. Ne pas investir dans la résilience climatique créera des contextes plus précaires et plus d’informalité. 

L’extension de la protection sociale aux travailleuse·eur·s de l’informel devrait être fondée sur l’égalité de représentation, sur la protection sociale universelle et sur un financement progressif et durable.

Les institutions financières mondiales peuvent aider les gouvernements à protéger le budget de l’aide sociale en mettant fin aux pratiques qui conduisent à des mesures d’austérité qui, à leur tour, ont un impact disproportionné sur les travailleuse·eur·s démuni·e·s et vulnérables et réduisent les dépenses publiques vitales. 

Exiger des conditions de travail sûres et saines.

L’OIT peut aider les États membres à s’engager à respecter et à promouvoir le droit fondamental à un environnement de travail sûr et sain, un principe qu’elle a adopté en 2022, ce qui les encouragerait à prendre en compte l’impact de la crise climatique sur le bien-être des travailleuse·eur·s de l’informel. 

L’augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes liés au changement climatique, couplée au manque de services de base, nuit au bien-être et aux moyens de subsistance des travailleuse·eur·s. Les travailleuse·eur·s de l’informel doivent déjà faire face aux effets de la hausse des prix de l’énergie et des matières premières, qui non seulement réduisent les revenus de leurs ménages, mais peuvent également limiter leur accès à un travail rémunéré.  

Les gouvernements des pays à fortes émissions doivent assumer de plus grandes responsabilités afin de permettre une transition juste dans les pays à faibles émissions, où la plupart des travailleuse·eur·s de l’informel subissent les conséquences de la crise climatique. Les travailleuse·eur·s de l’informel réclament la justice climatique.


Les organisations soussignées appartiennent au mouvement mondial grandissant des travailleuse·eur·s de l’informel et représentent ensemble plus de 2,1 millions de membres dans le monde.

Fédération internationale des travailleuse·eur·s domestiques (FITD)
Elizabeth Tang, Coordinatrice internationale

StreetNet International
Oksana Abboud, International Coordinator

HomeNet International
Janhavi Dave, Coordinatrice internationale

Alliance internationale des récupératrice·eur·s (IAWP)
Lucía Fernández, Secrétaire générale intérimaire

Technical Support
Femmes dans l’Emploi Informel : Globalisation et Organisation (WIEGO)
Sally Roever, Coordinatrice internationale

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